Sa bouche est un vrai pli sur un tout chiffonné
Ses yeux parfois se figent et semblent deux trous noirs
Où coulent par moment les flots du désespoir
Qui lavent la morve de son nez bourgeonné
As-tu vu sur son corps les coulisses du temps
S’ouvrir puis se fermer comme des alvéoles
Pour répandre à leur guise en entrouvrant la fiole
Le poison qui pourrit les entrailles des gens
Elle sait que sa vie fut un grand terrain vague
Où jadis elle errait lorsque d’autres riaient
Aujourd’hui elle suit ses pensées égarées
Dans le passé en friche où l’avenir divague
As-tu vu sur sa peau les souillures des jours
Meurtrissures des ans, hématomes en fleur
Stigmates flétrissants de ses vaines douleurs
Qui mutilent son âme en longs silences sourds
Sur ses lèvres gercent les maux qu’elle confie
À d’improbables dieux qui méprisent les gueux
Elle est l’ange maudit qui nargue les cieux
"J’étais belle autrefois, le savoir me suffit"